La communauté internationale renouvelle son plan d'aide à l'Afghanistan pour cinq ans
Le
plan pour le développement et la stabilité de l'Afghanistan, signé mardi 31
janvier par Kaboul et la communauté internationale lors de la conférence de
Londres, relève du "donnant-donnant". Sous la houlette du président
Hamid Karzaï, les autorités afghanes s'engagent à lutter plus résolument contre
le trafic de drogue et la corruption. En retour, leurs partenaires
internationaux s'impliquent pour consolider l'économie, la sécurité et les
institutions du pays dans les cinq prochaines années. Au premier jour de cette
conférence, qui réunit, jusqu'à mercredi, plus de soixante pays, Washington et
Londres se sont montrés les plus généreux, en promettant près de 2 milliards de
dollars d'aide supplémentaire à l'Afghanistan.
Sous
son allure de contrat et son appellation d'"Afghanistan compact", le
plan prend le relais de l'Accord de Bonn qui, en décembre 2001, avait lancé le
processus de reconstruction politique du pays après la chute du régime taliban.
Quatre ans plus tard, ce premier accord parrainé par l'ONU a été largement
respecté : l'Afghanistan dispose d'une Constitution, d'un président et d'un
Parlement élus. Mais le plan de Londres a l'ambition de s'attaquer à des
problèmes — insécurité, terrorisme, trafic de drogue — qui ont empiré ces
dernières années. Autant de difficultés qui, selon le secrétaire général de
l'ONU, Kofi Annan, "menacent non seulement la construction de l'Etat,
mais aussi les fruits du processus de Bonn".
"La
transformation de l'Afghanistan est remarquable mais incomplète",
a reconnu la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. Mme
Rice a précisé que le président Bush demandera au Congrès une rallonge de 1,1
milliard de dollars pour aller de l'avant. Evoquant les attentats commis dans
le monde depuis le 11 septembre 2001, le premier ministre britannique, Tony
Blair, a affirmé que la stabilité de l'Afghanistan touche "les intérêts
de l'ensemble de la communauté internationale". Son ministre des
affaires étrangères, Jack Straw, a assuré que le plan est "ambitieux
mais réalisable". Il montre que la communauté internationale "reste
fortement engagée — en vérité plus fortement que jamais — à soutenir
l'Afghanistan sur le long terme", a-t-il ajouté.
Catalogue
de bonnes intentions, l'"Afghanistan compact" place la sécurité en
tête. Alors que 2005 a été l'année la plus meurtrière depuis la chute des
talibans, Kaboul s'engage à promouvoir, d'ici à la fin 2010, "la
sécurité et la stabilité dans toutes les régions" du pays, avec le
soutien des forces étrangères présentes en Afghanistan. A la même date, l'armée
nationale sera "complètement constituée", avec un effectif
(triplé) de 70 000 hommes. D'ici à la fin 2007, "tous les groupes armés
illégaux seront démantelés", note encore le document. M. Karzaï
précise aussi qu'il faudra "au moins dix ans pour éradiquer les
cultures de pavot" d'un pays qui fournit désormais 87 % de l'héroïne
mondiale. A l'argent des trafiquants, le plan oppose une "politique de
tolérance zéro contre la corruption". Des indicateurs sociaux et économiques
sont également fixés. Ainsi, fin 2010, l'électricité atteindra "au
moins 65 % des foyers" dans les grandes zones urbaines et 25 % dans
les régions rurales, tandis que 60 % des filles et 75 % des garçons seront
inscrits dans les écoles primaires.
L'ensemble
repose sur un "partenariat" entre Kaboul et la communauté
internationale, qui sera coordonné par les Nations unies. Enfin, le plan adopté
par la conférence prévoit "d'augmenter la proportion de l'aide passant
directement par le budget de l'Etat", dans un pays toujours sous
perfusion internationale.
Erich Inciyan
Article paru dans l'édition du Monde du 02.02.06
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